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RDC : Ce que je pense des Consultations

Ce que je pense est que la politique et l’économie sont deux compartiments qui s’emboîtent totalement et que de ce fait, l’un ne peut bien fonctionner efficacement sans l’autre. Faites-moi de la bonne politique, je vous ferai des bonnes finances, dit-on. De même, une économie faible est un sérieux handicap au secteur politique. En effet, un discours politique, quel qu’il soit, sans action faute de moyens, perd au fil de temps sa densité et sa crédibilité. A terme, la politique perd sa base.

Voilà pourquoi, il est toujours recommandé que  ce soit le parti qui a gagné les élections qui dirige le pays ! Tout simplement parce que c’est ce parti qui est en mesure d’avoir la totale commande de l’appareillage institutionnel, de former un gouvernement, et de mettre en œuvre un programme économique cohérent soutenu par la majorité du peuple.

La vision du pouvoir est partagée par les aspirations du peuple, et les réformes, douloureuses soient-elles, sont acceptées par ce dernier parce qu’elles visent le bien-être général de la population. Ce que je pense est qu’un gouvernement de coalition est un handicap majeur à la bonne marche de l’économie. En effet, un tel gouvernement est un produit de plusieurs partis ou groupements politiques qui peuvent ne pas partager la même vision ! Et si on n’a pas la même vision, on n’a pas nécessairement les mêmes objectifs. De même, les méthodes et techniques de mise en œuvre de l’action gouvernementale peuvent être différentes.

Voilà pourquoi, il y a de partis de gauche et de droite, d’extrême gauche et d’extrême droite, des Démocrates et des Républicains, des Socialistes et des Capitalistes ou alors des Centristes. Tous visent à conquérir le pouvoir pour le bien-être de la population, mais avec de clés de mise en œuvre des politiques économiques différentes.

Ce que je pense est que la coalition FCC-CACH n’est pas en mesure de s’extraire de cette logique universelle. Les deux groupements politiques n’ont pas la même vision, les mêmes objectifs, et les méthodes de travail. Par ailleurs, il y a une forte hétérogénéité de l’appareil politique et économique. Le groupement CACH a été proclamé gagnant de l’élection présidentielle tandis que le FCC a été proclamé gagnant de la majorité parlementaire.

Et, selon la Constitution, c’est le FCC qui a choisi et proposé le premier ministre qui dirige actuellement le gouvernement. Et c’est toujours le FCC qui a choisi la présidente de l’Assemblée Nationale et le président du Sénat. Alors que le Président de la République provient du CACH, les chefs de trois institutions susdites sont quant à eux l’émanation du FCC.

Voilà pourquoi il existe actuellement un gouvernement de coalition dont les postes ministériels sont partagés par les deux groupements politiques. En principe, seul le FCC devait former le gouvernement et aucun ministre ne proviendrait du CACH. Mais, parce qu’en coalition, le FCC a accepté d’attribuer une partie du portefeuille ministériel au CACH.

Cela reste conforme au contenu d’un accord secret signé entre les chefs de deux groupements et qui recommande une gestion partagée du pouvoir et à tour de rôle pendant plusieurs mandatures. Ce que je pense est que le rendement d’une telle machine institutionnelle ne peut qu’être faible. En effet, les deux groupements politiques n’ayant pas nécessairement le même idéal, les mêmes pratiques et vertus de gestion ne peuvent que s’entrechoquer. C’est la règle… Un gouvernement d’union nationale, quel que soit l’attrait de sa dénomination – gouvernement du peuple, de combat, de salut public, de sauvetage ou d’union nationale – ne produit jamais des résultats que délivrerait un gouvernement issu d’une majorité électorale et qui aurait la cohérence de son action. Cela s’entend avec une politique économique efficace.

Voilà pourquoi le gouvernement Matata 1 de 2012, issu de la majorité parlementaire, a produit plus de résultats que le gouvernement Matata 2. Le gouvernement Matata 1, composé de 36 ministres issus tous de la majorité ayant gagné les élections présidentielle et parlementaire, a bénéficié de l’harmonie non seulement en son sein, mais aussi entre toutes les institutions de la république, surtout entre la présidence de la république et la primature. Ce qui a permis au gouvernement de réaliser les réformes requises et de produire des résultats socio-économiques appréciables. Pour de raisons essentiellement politiques, Matata 2 a été formé le 14 décembre 2014 à la suite des concertations du Palais du peuple ayant permis l’entrée dans le gouvernement des ministres issus de l’opposition républicaine.

Ce gouvernement a subi un réaménagement technique le 25 septembre 2015 avec le départ des ministres membres du G7. En dépit d’une bonne entente entre les institutions qui étaient toujours dirigées par les mêmes responsables, Matata 2 a moins délivré en termes de résultats, notamment du fait de l’affaiblissement de leadership et de la gouvernance au sein de l’équipe gouvernementale. Ce que je pense est que tant qu’un gouvernement de coalition présidera aux destinées du pays au cours de la période 2019-2023, il serait illusoire de s’attendre à des résultats économiques et sociaux appréciables. Tout simplement à cause de la désharmonie flagrante entre les différentes institutions de la république. En effet, la mésentente entre les deux chefs de groupements politiques en coalition est devenue un secret de polichinelle. La guerre entre les deux chambres du parlement et la présidence est de notoriété publique. La lutte des pouvoirs entre la présidence et la primature pollue totalement l’environnement des affaires. La cacophonie au sein de l’équipe gouvernementale est plus que paralysante. Que peut-on attendre d’un tel cocktail?

Ce que je pense est que le salut proviendrait principalement d’un effort exceptionnel que les deux coalisés fourniraient pour rétablir l’harmonie entre les différentes institutions et particulièrement au sein du gouvernement. Au regard du niveau de dégradation des relations entre les deux parties, cela apparait irréalisable. Mais, tout est possible. Il faut plutôt un dépassement de soi au profit de la majorité.

Sinon, ce sera la fin de la coalition qui ouvrirait la voie à une cohabitation entre les deux partenaires actuels. Le CACH n’aurait alors aucun ministre dans le gouvernement. L’atmosphère politique risquerait d’être plus polluée que celle d’aujourd’hui. Ou alors, on dissoudrait l’Assemblée Nationale pour reconstituer la majorité parlementaire et rétablir l’harmonie institutionnelle inexistante aujourd’hui. Dans ce cas et selon la Constitution, le gouvernement a l’obligation de réaliser les élections dans les 60 jours après la dissolution. Le gouvernement, a-t-il les moyens de réaliser un tel projet ? Lorsque les dépenses des salaires, de fonctionnement, de paiement de la dette extérieure et intérieure, ainsi que de souveraineté représenteraient plus de 100 % de ressources internes de l’Etat, l’on peut se poser la question de savoir d’où proviendraient les 450 millions de dollars américains minimum qu’il faut pour réaliser le scrutin dans un délai record.

Ou enfin, le Président de la république constituerait, à la fin de ses consultations politiques, toujours les mêmes fameuses consultations depuis les années Mobutu-, une nouvelle majorité parlementaire avec des députés débauchés du FCC. Une hypothèse, certes difficile, mais politiquement à haut risque. Elle remettrait en cause l’une de prémisses de base de l’accord secret susdit, à savoir la préservation des acquis des élections de 2018. Quel en serait le prix au niveau de la stabilité politique et du progrès économique ? Difficile de l’imaginer. Mais, d’aucuns diraient : « le climat politique se détériorera davantage et l’économie continuera à plonger ».

Quoi qu’il en soit, la solution mérite d’être trouvée rapidement par les deux coalisés pour minimiser les dégâts socio-économiques inévitables parce qu’à terme, la politique et l’économique s’entremêlant, ils paieront tous deux le prix fort.

Décembre 2020

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